lundi 25 juillet 2016

Et Port-de-Bouc s'est écriée...

Fruit du partenariat avec « Les Rencontres internationales de la photo d’Arles », la ville de Port de Bouc propose une exposition photographique originale au sein de la friche industrielle de l’ancienne halle aux poissons ; un point névralgique, désaffecté depuis près de 7 ans et en passe de connaître un nouveau destin…

Dans le cadre des festivités des 150 ans de la commune (Port de Bouc est née le 13 juin 1866), sept artistes (Jean-Christophe Béchet, Nicole Chayne, Gael Bonnefon, Martial Verdier, Sophie Goullieux, Kevin Lapeyre et Brigitte Bauer) réinterprètent le territoire par des esthétiques photographiques personnelles et hétérogènes offrant un regard inédit sur une ville en constante évolution, mêlant des regards portés sur les ambiances, les atmosphères, les paysages et les scènes de vies locales et maritimes. Diversité des points de vue et mixité des supports se juxtaposent tout au long du parcours d’exposition. Le travail des photographes professionnels de renommée régionale et nationale associés pour l’occasion aux travaux amateurs du Club photo local (créé en 1961), aux élèves du centre d’arts plastiques et aux habitants des quartiers prioritaires accompagnent la déambulation des visiteurs curieux. Les professionnels, eux, ont arpenté la ville durant plusieurs semaines.

Mais quel lien avec les archives me direz-vous ?

« Inédite » tel est le mot qui définit le mieux cette exposition imaginée pour comprendre la ville, son histoire, sa mémoire et mieux préparer son avenir. Que ce soit Martial Verdier ou Kévin Lapeyre, chacun d’eux s’empare du passé, de la mémoire et parfois même de l’archive (tant personnelle que collective) pour évoquer une image nouvelle de la ville. Ainsi, Kévin Lapeyre s’empare des tirages photographiques des habitants, récupérés ici et là au gré des rencontres, et chemine sur le papier selon un parcours cartographié du territoire. Son travail traite de l’action du temps, de la destruction de l’image et de sa renaissance. Ces travaux confortent le choix du lieu de l’exposition, la Criée, ses box de mareyeurs, sa zone d’allotissement, sa glacière, capable de produire 20 tonnes de glaces par jour durant son activité et aujourd’hui zone insolite d’expression artistique...

Ce bâtiment, conçu par Émile Pamart (architecte local) en 1987-88, fut le point d’orgue du réaménagement et du renouveau du centre-ville dans les années 1986-88. D’un point de vue urbanistique, la Criée de Port de Bouc s’inscrit dans la réorganisation à vocation maritime du centre-ville imaginée et mise en espace par François Spoerry, également concepteur de Port Grimaud dans les années 1980. Puis, d’un point de vue historique, le bâtiment est le vestige d’une activité de pêche au chalut sinistrée aujourd’hui. Pour rappel, lors de son ouverture en juillet 1988, la Criée de Port de Bouc comptait parmi les 4 points de vente des produits de la pêche en Méditerranée et notamment du poisson « bleu » (30 chalutiers amarrés sur ses quais et plus de 240 métiers gravitaient autour de la halle aux poissons).


Grâce au travail d’étude documentaire et de recherches dans les archives, à l’investissement des témoins, nostalgiques d’une activité maritime intense sur la commune, cet espace, friche industrielle à l’abandon, a su mettre en exergue ses meilleurs atouts pour convaincre les élus et décideurs de l’opportunité de le conserver, le réaménager et créer un lieu dédié à la valorisation de l’histoire maritime locale et régionale. Ainsi, la Criée est réinvestie par la Culture cet été mais au-delà de la ponctuelle exposition photographique, une autre vie patrimoniale, culturelle et touristique l'attend désormais sur près de 2000 m2. Les travaux de réhabilitation devraient avoir lieu courant 2017. En parallèle, le repérage et l’inventaire des collections et des fonds disponibles s’accélèrent. Enfin, la campagne de traitement des archives navales se précise et le travail ne manque pas... A suivre.



Informations pratiques :
Exposition en partenariat avec les Rencontres Photos d'Arles, du 9 juillet au 9 septembre 2016.
Ouverture du mardi au samedi de 14h à 19h (nocturne jusqu'à 21h le vendredi).
Rencontres d’artistes et visites commentées durant tout l’été.